• Itinéraire

                Il fait beau. Je lève les yeux vers les bourgeons des arbres qui se découpent sur le ciel bleu de ce début de printemps. Une brise légère refroidit l’air. Tout en marchant, je regarde le soleil se lever au-dessus du parc de la mairie. La grande tour en son centre projette son ombre dans ma direction. J’entends un croassement joyeux de corbeau. Je traverse le boulevard en face de la pizzeria. La journée promet d’être excellente. Les nuages sont colorés d’un rose barbe à papa par les rayons du soleil. Je regarde en direction de l’hôtel de ville. L’imposant bâtiment est à contre-jour. Pour l’instant, il n’a pas changé, mais avec les récentes élections, je m’attends à des modifications, même infimes. Peut-être le gris des murs sera-t-il plus sombre, peut-être s’éclaircira-t-il, peut-être que le vent tournera et les drapeaux européens devant l’entrée flotteront en sens inverse. L’avenir le dira. Je poursuis ma route en longeant un parc, sous le couvert des arbres. Grâce à un trou dans la haie d’arbuste, j’aperçois les fleurs de différentes teintes violettes longeant un chemin de gravier. Arrivée près du portail, j’entre dans le square. Je me dirige vers l’étendue d’eau à ma gauche pour regarder la jeune fratrie de canetons zigzaguer à sa surface. Les oiseaux chantent, un nombre incalculable de pigeons vole en cercles concentriques au-dessus de ma tête. J’accélère le pas. A présent, à ma droite, il y a une statue solitaire au pied de laquelle j’aperçois un écureuil. Le petit animal m’a lui aussi repérée et s’enfuit à toutes pattes. Je lance alors un sourire bienveillant à la femme en pierre, puis je continue ma route. Je passe à proximité de l’Osmaronia. C’est le nom que j’ai donné à cet arbuste près du chemin car c’est celui qui est écrit sur la plaque explicative près de lui. Je voulais chercher ce nom dans le dictionnaire. Je ne l’ai toujours pas fait. Je passe sous le porche, près de la statue d’éléphant grandeur nature et me voilà dans la ville. Je tourne en direction de la place du rectorat. Plus de pépiements d’oiseaux. Seuls les corneilles et les pigeons fréquentent cet endroit. Des bruits de moteur me parviennent de la rue parallèle à celle où je me trouve. Un vacarme incroyable manque de me faire sursauter tandis que je longe un chantier. Je traverse la petite rue après avoir cédé le passage à toutes les voitures qui n’ont pas pris la peine de s’arrêter au passage piéton. Avec celles venant dans le sens opposé, j’ai plus de chance. Une voiture jaune au toit ouvrant me laisse passer. Je remercie le conducteur d’un sourire que j’accompagne d’un geste aimable de la main. J’espère que cela apportera un peu de joie de vivre à ce monsieur. Après tout, le matin, les gens sont tellement pressés qu’ils ne font plus attention aux autres. En voiture, cela provoque des refus de priorité et des accidents. A pied, ce sont des soupirs furieux et des grognements : « Peux pas faire attention ? » Je tourne à l’angle d’une rue, évitant de justesse une collision frontale avec une femme en longue veste noire. Je regarde le parking privé de cet immeuble d’habitation. Des pétales de fleurs roses tombés de l’arbre qui s’y trouve recouvrent le sol. Je passe près de l’église à l’inquiétante statuette d’albâtre représentant la vierge Marie. Puis j’arrive sur la place du marché. Le stand de fruits et légumes est installé. Oranges, citrons, concombre mais aussi des fraises à l’aspect juteux et des bouteilles de sirops et de jus colorés. Je perçois alors une odeur alléchante de fromages à proximité du stand voisin. Si je n’avais pas pris de petit déjeuner ce matin, je crois que j’aurais été capable de m’en acheter un morceau. Me voilà à présent près d’une école primaire. Les enfants rient en jouant dans la cour tandis que des mamans en retard les y abandonnent après un dernier bisou. Je croise justement l’une d’elle, avec sa petite fille et son manteau rose, en train de raconter je ne sais quoi à propos d’une certaine Océane alors que sa mère lui demande d’accélérer le pas. Quant à moi, je prends à gauche. Au bout de la rue, à droite. J’arrive enfin à destination.


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