• Je te le Paris

    Voilà des semaines que j'hésite à vous faire partager ce récit qui me tient à cœur. Je l'ai écrit il y a un bout de temps déjà, pour la première partie du moins. La deuxième est en cours d'écriture, petit peu par petit peu, quand j'ai le temps. Comme ce récit est long, ça me demande beaucoup de temps et de réflexion.

    Je vais publier un chapitre par semaine. N'hésitez surtout pas à me laisser des commentaires, j'en ai besoin pour m'améliorer ! Dans l'idéal, j'aimerais pouvoir réécrire l'intégralité de mon petit roman, pour le perfectionner. Mais je dois avouer que je le trouve déjà pas trop mal !

    La question que vous vous posez tous : de quoi ça parle ? Et bien, comme je ne sais pas faire des résumés, je vais vous laisser découvrir par vous-même ! Mais sachez qu'il y a de l'action et de la romance !

    Bonne lecture !

  •              -We lost him, annonça la voix de la radio.

                Un poing s’abattit avec fracas sur la table. Un lourd silence accompagna ce geste. Puis, l’un des cinq membres de cette réunion se décida à parler.

                -Merde, fut le seul mot que lâcha le président français mais il faisait écho aux pensées de son homologue américain dont le poing était resté vissé sur la table.

                -He’s in North Korea, reprit l’interlocuteur radiophonique.

                -Comment a-t-il pu ? s’étrangla le président américain dont les paroles étaient automatiquement traduites dans la langue de ses collaborateurs. Il aurait dû se faire tuer à la frontière.

                -Il semble qu’il ait des alliés là-bas aussi, se découragea le premier ministre britannique.

                -On ne peut plus l’atteindre. Il est en sécurité dans ce pays et nos capitales sont à la merci des attaques qu’il peut nous lancer, fit remarquer avec amertume le Français. C’est un homme puissant. Il n’aura aucun mal à agir.

                -Sauf si on le tue avant.

                Tous les regards se tournèrent vers le dirigeant russe qui faisait nonchalamment tourner un stylo entre ses doigts. Face à la perplexité des quatre autres, il s’expliqua :

                -Envoyons une équipe d’élite à ses trousses. Cinq personnes. Une par pays. S’il a réussi à passer la frontière, alors elles en seront elles aussi capables.

                -C’est du suicide, refusa le Britannique. S’ils se font prendre, nous déclencherions une guerre mondiale.

                -Sauf si nous prenons soin d’effacer toute trace de leur existence avant, répliqua la chancelière allemande qui était d’accord avec le Russe. Cinq personnes. C’est tout à fait faisable. Surtout si elles n’ont aucun lien entre elles. Les Coréens ne pourront pas savoir qui elles sont. Et quand bien même, puisque c’est une équipe d’élite, ses membres ne se feront pas prendre.

                -Et qui suggérez-vous pour une telle mission ? la questionna le président américain qui semblait se laisser convaincre.

                -Il faudrait un agent des services secrets, énuméra-t-elle. Et un militaire, un programmeur informatique serait tout aussi utile qu’un reporter et un médecin. Qu’en pensez-vous ?

                - La Russie met à la disposition de cette mission son meilleur programmeur informatique, l’appuya le dirigeant d’Europe de l’est. Il assurera la sécurité de l’équipe en désactivant tous les systèmes informatiques pouvant la détecter. Il ne rate jamais son coup.

                -L’Allemagne peut fournir le meilleur médecin du pays. Je suis convaincue que sa bravoure égale son habileté à soigner.

                -Très bien, accepta l’Américain. Les Etats-Unis seront fiers de voir l’un des capitaines des Marins de l’US Navy se joindre à cette mission de la plus haute importance et lui-même sera honoré de risquer sa vie pour son pays, que dis-je, pour la paix mondiale.

                -Les services secrets britanniques proposent la collaboration d’un de leurs meilleurs agents. Le goût du risque et aucune famille. Il n’aura pas peur de la mort, assura le premier ministre.

                Toutes les têtes se tournèrent alors vers le Français qui n’avait pour l’instant rien dit. Ce dernier, les coudes posés sur la table, les mains jointes et les index appuyés sur sa bouche, réfléchissait. Il devait désigner un reporter. En silence, il passa en revue tous ceux qu’il connaissait. Aucun ne semblait assez fou pour risquer sa vie dans une mission suicide. La plupart des personnes à qui pensait le chef de l’Etat avaient connu la guerre, enquêtant sur les plus importants conflits de ces dernières années. Se sentant protégés par leur carte de presse, ils ne craignaient pas la mort, mais quand serait-il lors d’un assaut secret contre le plus dangereux criminel du siècle ? Il menaçait tous les pays du monde car il avait affirmer dans les médias vouloir commettre les pires attentats de l’histoire de l’humanité en visant d’abord les grandes villes. Les chefs d’états s’étaient tous empressés de rassurer les populations et d’affirmer que cet homme n’était pas assez puissant pour mettre en œuvre ce qu’il annonçait mais, secrètement, les dirigeants de cinq nations s’étaient réunis car ils prenaient la menace très au sérieux. Le raid qu’ils avaient mené contre lui ce jour-là s’était révélé infructueux, le malfrat avait fuit en franchissant la frontière nord coréenne, un pays au régime dictatoriale fermé au reste de la planète. Le Français ferma les yeux un instant. Même le meilleur reporter de la planète n’avait aucune chance de revenir vivant d’une telle expédition. Le président compris que la personne qu’il désignerait serait vouée à une mort certaine. Autant se débarrasser de quelqu’un d’encombrant, décida-t-il. C’est alors qu’il se souvint d’elle. Une brillante journaliste politique. Trop en réalité. Il repensa aux découvertes qu’avait faites la jeune femme. Si cela venait à s’ébruiter, il risquait de gros ennuis. Mieux valait donc la mettre hors d’état de nuire définitivement. Les meurtres n’étant plus vraiment à la mode dans le monde politique français, cette mission était un excellent moyen de parvenir au même résultat sans risquer la prison au sortir de son mandat présidentiel. La jeune femme n’était certes pas reporter comme l’avait demandé la chancelière allemande, mais elle ferait l’affaire.

                -Elle est jeune, mais son efficacité lui permettra d’être à la hauteur de la mission qui l’attend, affirma-t-il finalement.

                -Très bien, conclut l’Américain. Mettons tout en œuvre pour que cette équipe soit réunie au plus vite.


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  •             Elle entra dans la grande pièce où s’alignaient de très nombreux postes informatiques. Elle se dirigea vers le sien puis s’installa devant son ordinateur. Elle s’apprêtait à l’allumer lorsque sa collègue l’interpella :

                -Agathe, la directrice veut te voir dans son bureau immédiatement.

                -Comment ça ? s’étonna-t-elle. Il y a un problème ?

                -Je n’en sais rien. Elle a juste dit que tu devais la rejoindre dès que tu arriverais. Elle a ajouté que c’était urgent.

                -Etrange, murmura Agathe en se levant. Merci Alicia, j’y vais de suite.

                -Tu me raconteras ? insista son amie en la regardant s’éloigner.

                -Bien entendu.

                La jeune femme contourna les rangées de bureaux et se dirigea vers la porte en verre où figurait l’inscription :

     

    Mme Virginie Rovane,

    Rédactrice en chef

     

                Un jour, j’aurais moi aussi une porte à mon nom, dans ma propre maison d’édition, s’encouragea Agathe avant de frapper.

                -Entrez, l’invita la voix préoccupée de sa supérieure hiérarchique.

                Cela ne présage rien de bon, soupçonna-t-elle. Elle poussa la porte. L’expression de la directrice changea dès qu’elle reconnut sa visiteuse.

                -Mlle Rousseau, s’exclama-t-elle en allant l’accueillir. Je vous attendais. Je vous en prie, asseyez-vous.

                -Bonjour madame, merci, répondit Agathe en prenant place sur la chaise en verre que lui indiquait Mme Rovane.

                Cette dernière s’installa en face d’elle, dans un fauteuil un cuir d’une rare élégance, et qui s’accordait parfaitement avec l’apparence distinguée de la rédactrice. Comme en témoignaient ses cheveux d’un gris éclatant incroyablement bien entretenus, Virginie Rovane avait depuis longtemps dépassé les cinquante ans mais son teint radieux la rajeunissait. Cependant, derrière ses yeux d’un azur rieur se cachait une volonté de fer, une opiniâtreté à toute épreuve qui lui avait permis d’atteindre le poste tant convoité de rédactrice du quotidien le plus lu du pays. Agathe l’admirait beaucoup pour cela.

                -Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai convoquée à la première heure ce matin, commença la directrice.

                -J’avoue que je me suis effectivement posé la question, lui accorda la jeune femme sur un ton neutre qui ne laissait pas transparaître ses émotions.

                -J’ai reçu il y a à peine une heure un appel provenant de l’Elysée, déclara-t-elle à brûle-pourpoint. Le président souhaite vous recevoir à onze heures. Il aimerait faire une déclaration à la presse concernant le probable remaniement ministériel dont tout le monde parle et il a choisi notre quotidien. Mais pour une raison que j’ignore, il veut que ce soit vous, et personne d’autre, qui veniez recueillir ses propos. C’est une chance pour nous. Demain, nous aurons pour Une le sujet qui intéresse tous les Français et nous serons les seuls à en parler. J’exige de vous une rigueur et un professionnalisme hors norme. Je vous laisse le soin de choisir les questions que vous lui poserez mais n’oubliez pas : vous n’êtes pas là-bas pour parler de ce qui vous concerne…

                -Mais de ce qui intéresse les Français, compléta Agathe qui connaissait par cœur cette devise que sa supérieure employait sans cesse. Très bien. Je vais rassembler mes affaires et me diriger vers la station de métro. Il est bientôt dix heures et j’ai tout intérêt à partir vite car il me faudra un peu moins d’une heure pour rejoindre l’Elysée. Etait-ce tout ce dont vous vouliez m’entretenir ?

                -Rien d’autre ne me vient à l’esprit. J’espère que vous saurez vous faire apprécier du président et, si c’est le cas, c’est vous qui couvrirez pour nous tous les évènements le concernant jusqu’à la fin de son mandat dans trois ans. Ainsi, il aura confiance en vous et sera peut-être même amical. C’est une occasion à ne pas manquer pour obtenir de nombreuses informations avant le reste des médias du pays.

                -Bien madame, acquiesça Mlle Rousseau. Je viendrais vous remettre mon article dès qu’il sera prêt. Et il le sera pour l’édition de demain, s’empressa-t-elle d’ajouter pour rassurer sa patronne tandis que celle-ci lui donnait congé d’un geste cordial de la main.

                Agathe quitta la pièce après avoir salué Mme Rovane et se dirigea vers son ordinateur. Elle glissa dans son sac un magnétophone pour enregistrer les propos du président puis commença à inscrire sur une tablette tactile qu’elle emporterait avec elle les éléments sur lesquels elle, ou plutôt les Français comme aurait dit sa patronne, souhaitaient obtenir des éclaircissements, à savoir : quand était prévu ce remaniement, quels ministères étaient visés, qu’adviendrait-il du premier ministre et quelques autres interrogations sur le même thème. Elle ajouta après réflexion une question concernant le chômage et ce que prévoyait le président pour sa troisième année à la tête de l’Etat. Elle s’apprêtait à ranger son matériel dans son sac à main lorsque Alicia, la photographe qui travaillait généralement avec elle, fit rouler sa chaise dans sa direction et, s’accoudant à la table, lui demanda :

                -Alors ?

                -Elle m’envoie à l’Elysée pour interviewer le président, résuma Agathe en étant la plus concise possible.

                -Ah, oui, c’est vrai, ton entretien avec la boss, se rappela son amie. Je ne parlais pas de ça.

                -Alors de quoi parlais-tu ? la questionna-t-elle.

                Alicia lui répondit par un large sourire et des yeux brillants d’intérêt.

                -Euh, hésita la journaliste, que suis-je censée comprendre ?

                -Ne fais pas l’innocente, s’agaça sa collègue en se redressant. Je parle de ton rendez-vous, hier soir, avec ton Guillaume, insista-t-elle pour qu’elle ne change pas de sujet.

                -Que veux-tu savoir ? fit Agathe en haussant les épaules. Il ne s’est rien passé. Il m’a offert un verre, nous avons discuté de tout et de rien, comme d’habitude, il m’a raccompagnée à mon appartement, puis il est lui-même rentré chez lui.

                -Tu m’énerve, Agathe, grogna Alicia. Voilà des mois que tu ne parles que du Merveilleux Guillaume Avignant, avec qui tu enchaînes des rendez-vous galants qui se terminent toujours sobrement. Mais bon sang, Agathe, mets-le dans ton lit et on en parle plus !

                -Le mettre dans mon lit ? répéta l’intéressée, sceptique. Non, je ne veux pas coucher avec quelqu’un si cette personne ne m’aime pas.

                -Ne soit pas idiote, bien sûr qu’il t’aime, il a largué Emilie Decône quelques semaines après t’avoir rencontrée, je te signale ! Emilie Decône ! La grande actrice Emilie Decône, Miss France il y a à peine sept ans ! Si c’est pas une preuve ça !

                -Non, ça ne prouve rien, décréta-t-elle. Elle l’avait trompé, c’est bien normal qu’ils se séparent.

                -Et comment tu sais ça toi ?

                -Parce qu’il me l’a dit, expliqua Agathe en levant les yeux au ciel. Bon, si ça ne t’ennuie pas, il faut que j’y aille, je serais bien embêtée si je faisais attendre le président.

                Elle se leva et ramassa son sac. Alicia tenta une dernière fois d’obtenir quelques confidences :

                -Mes questions non plus n’attendent pas !

                -Plus tard, soupira-t-elle en se dirigeant vers la porte.

                Elle dévala les escaliers du vieux bâtiment et se retrouva dehors quelques secondes après. Elle se fondit dans la masse de passants qui circulaient sur le trottoir et se dirigea vers la station de métro la plus proche.

                Agathe Rousseau  était l’exemple même de la femme indépendante. Elle avait grandit en province et était venu seule à Paris pour réaliser son rêve professionnel : devenir la plus grande journaliste politique que le monde ait connue. Cet entretien avec le président était donc une aubaine pour celle qui se rêvait déjà à la place de Virginie Rovane. Elle en était certaine, son ambition la mènerait aux plus hauts postes de dirigeants dans les médias français.

                La jeune femme arriva finalement à hauteur de la station de métro. Elle prit les escaliers en béton et s’enfonça dans les profondeurs du sous-sol parisien. Après avoir validé son ticket, elle alla s’asseoir près du quai, sur l’un de ces bancs créés spécialement pour empêcher les utilisateurs des transports en commun de s’allonger. Tandis qu’elle attendait, elle se surprit à repenser à la soirée de la veille, dans un charmant café de la capitale, en compagnie d’un célèbre acteur, pour parler théâtre et politique. Agathe sourit. Ce n’était, initialement pas le but de la soirée mais c’est bien ce qui, finalement, s’était passé. Elle aimait beaucoup Guillaume et, contrairement à ce qu’elle avait affirmé à Alicia, elle était certaine que c’était réciproque. Mais il semblait évident que ni l’un ni l’autre n’osait l’avouer.

                Il lui avait plu tout de suite. Leur première rencontre remontait au mois de septembre dernier, lorsque Agathe avait dû interviewer les acteurs d’une pièce comique, Mon cher mari cocu, qui avait remplit les salles de théâtre durant tout l’été et qui, forte de son succès, devait être prolongée jusqu’en novembre. Agathe s’était rendu au Théâtre Antoine, où elle avait été reçue par Henry Lantier, qui partageait l’affiche avec Michèle Jacob et Guillaume Avignant, et qui l’avait conduite dans la salle où répétaient justement les deux autres en compagnie du metteur en scène.

                -Hé ! tout le monde ! les interpella Lantier, regardez qui j’amène !

                -La journaliste ! Nous voilà enfin célèbres ! s’exclama Avignant en sautant avec souplesse au pied de la scène.

                -Comme si vous ne l’étiez pas déjà, commenta le metteur en scène qui ne semblait pas avoir remarqué la pointe d’humour dans la voix du comédien. Je vous laisse, je vais me chercher un café.

                -Tu pourrais au moins dire bonjour, le rabroua Jacob qui, le regardant quitter la salle, s’empressa d’ajouter à l’intention d’Agathe : Enchantée, mademoiselle.

                -Tout le plaisir est pour moi, Mme Jacob, sourit-elle en lui serrant la main.

                -Je vous en prie, appelez-moi Michèle.

                -Entendu, Michèle, répéta la journaliste, habituée à ne jamais contrarier les personnes qu’elle devait interviewer.

                -Et voici Guillaume, compléta Lantier en désignant son acolyte.

                -Ravi de faire votre connaissance, la salua celui-ci. Mademoiselle … ?

                -Rousseau ! Agathe Rousseau, se présenta-t-elle. Heureuse de vous rencontrer.

                -Asseyez-vous, lui proposa Michèle en désignant à la journaliste l’un des fauteuils du premier rang à côté duquel elle prit place.

                A regret, Agathe détacha ses yeux de ceux, sombres et charmeurs d’Avignant et s’installa près de la comédienne.

                -Avez-vous vu la pièce ? demanda aussitôt Henry Lantier.

                -Oui, commença Agathe puis, croisant le regard curieux de Guillaume Avignant, se rétracta : non. Mais je viendrais à la représentation de ce soir.

                -Merveilleux ! s’exclama Mme Jacob. Je vais aller vous chercher un billet, cela m’ennuierait que vous soyez obligée de payer votre place.

                -Merci, c’est gentil, balbutia Agathe alors que l’actrice se précipitait d’un pas sautillant vers les guichets à l’entrée du bâtiment.

                -Elle est très en forme pour son âge, commenta Avignant devant l’air surpris de la jeune femme.

                -Elle n’est pas si vieille que ça, voyons, affirma sur un ton faussement vexé Lantier.

                La journaliste comprit qu’il disait cela parce qu’il était plus vieux que Jacob. Elle observa Guillaume Avignant qui s’était assis sur la scène. Elle savait qu’il avait trente-cinq ans, soit onze années de plus qu’elle. Ses cheveux courts d’un brun foncé ne semblaient pas être coiffé mais cela ne lui donnait aucunement l’air négligé. Elle avait constaté en lui serrant la main qu’il était à peine plus grand qu’elle et donc d’une taille très moyenne –il ne devait pas faire un mètre soixante-quinze.

                Lantier interrompit ses pensées en proposant :

                -Souhaitez-vous boire quelque chose ? Thé, café ?

                -De l’eau s’il vous plaît, demanda-t-elle.

                -Je ne vous en avais pas proposé, fit remarquer l’acteur.

                Agathe n’était pas certaine qu’il ait voulu plaisanter mais ne souhaitant pas passer pour une impolie au cas où ce ne soit effectivement pas de l’humour, ajouta :

                -Si vous avez du thé et du café, c’est forcément que vous avez de l’eau.

                Avignant, qui ne s’attendait visiblement pas à une réplique aussi bien sentie, éclata d’un rire franc et sonore. Ne trouvant rien à redire après cette lapalissade, Lantier quitta la salle par la même porte que le metteur en scène. Agathe et Guillaume se retrouvèrent alors en tête-à-tête.

                La rame de métro s’arrêtant sur le quai tira Agathe de sa rêverie et elle monta dans le transport par la porte la plus proche.

                Lorsqu’elle arriva dans le quartier de l’Elysée, son esprit s’était recentré sur la seule chose qui importait vraiment pour l’instant : le président. Elle l’avait déjà rencontré et savait comment se comporter en sa présence, cet entretien ne l’effrayait donc pas. Un élément lui revint en mémoire alors qu’elle approchait du grand portail à l’entrée du bâtiment : Mme Rovane lui avait dit que le président voulait la rencontrer elle, et personne d’autre, ce qui était particulièrement curieux : elle n’avait, de mémoire, rien fait qui puisse attirer l’attention de cet homme. Néanmoins, elle décida de faire comme si elle savait à l’avance ce qui allait se passer afin d’éviter que son interlocuteur ne mette à profit son ignorance. Elle ne pouvait pas se douter que ce serait parfaitement inutile.

                Un homme dont le complet noir rappelait les pingouins, armé et muni d’une oreillette, attendait à l’entrée. Dès qu’il l’aperçut, il la fit entrer et lui demanda de le suivre. Curieuse, elle lui emboîta le pas en direction d’une petite porte, dissimulée à quelques mètres de l’entrée principale. Elle remarqua en souriant qu’il n’avait pas la démarche de l’animal nordique, fort heureusement pour lui. Ils se retrouvèrent dans un petit couloir très sombre aux allures de passage secret. Ils le remontèrent puis une porte coulissa devant eux et ils débouchèrent dans une galerie richement décorée mais qui, à en juger par la présence de poussière, ne devait pas être très souvent fréquentée. L’homme se dirigea vers une porte en bois blanc dorée à l’or fin et l’ouvrit en utilisant une grosse clé. Derrière se trouvait une seconde porte, en métal cette fois, qu’il déverrouilla grâce à un système de reconnaissance digitale. Ils pénétrèrent dans un ascenseur. Agathe remarqua qu’il n’y avait pas de boutons pour sélectionner un étage, elle en déduisit donc qu’il n’y avait qu’une seule destination possible. Elle sentit que l’ascenseur descendait, elle compta mentalement et sut ainsi que l’engin s’immobilisa au bout d’environ trois secondes, ils n’étaient donc pas descendus très bas. La porte glissa sur le côté, découvrant un couloir dont la modernité du design était digne d’un film de science-fiction. Agathe commençait sérieusement à se demander ce qu’elle faisait là. Ils passèrent devant plusieurs portes blindées puis s’arrêtèrent devant l’une d’elles. Un scanner vert analysa alors l’iris de son guide puis la surface métallique coulissa dans un chuintement. Cette fois, au lieu d’entrer, l’homme à l’oreillette lui indiqua qu’elle devait passer devant, ce qu’elle fit non sans hésitation. Elle sursauta légèrement en entendant la porte se refermer derrière elle, la séparant de lui. Elle n’eut cependant pas le temps de paniquer car elle venait de remarquer le bureau qui occupait le centre de la pièce. Derrière celui-ci, un fauteuil lui tournait le dos. Il lui sembla qu’il était occupé. Une voix interrompit sa réflexion :

                -Je vous souhaite la bienvenue, Mlle Rousseau.

                Le fauteuil pivota pour lui faire face et elle croisa aussitôt le regard du président qui y était assis.


    5 commentaires
  • Un chapitre un peu long, je m'en excuse ! ^^'

    Où l'on découvre les intentions du président et où l'on fait véritablement la connaissance de Guillaume Avignant.

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  • Un chapitre très court, c'est la raison pour laquelle je publie le chapitre 4 en même temps !

     

     

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  • Un chapitre un peu plus long où l'on en apprend davantage sur nos deux héros. Bonne lecture !

     

     

     

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