• JtlP.19 : Hôpital de Vladivostok, Russie Le 15 avril, à 9h50

    La fin est proche ! Les six derniers chapitres étant les plus courts, ils seront tous publiés d'ici dix jours. Vous saurez enfin ce qui arrive à nos deux héros !

                Agathe ouvrit les yeux. Elle distingua le plafond uniformément blanc et se souvint de l’endroit où elle se trouvait. Vladivostok. Elle était en Russie. Et elle n’avait pas la moindre idée de la façon dont elle était arrivée ici. Elle tourna la tête vers la fenêtre sur sa gauche. Une femme était assise devant celle-ci et regardait au dehors. Agathe voulut l’interpeller mais elle avait la gorge et la bouche tellement sèches qu’elle ne pu émettre un son. Elle voulut frapper la partie métallique du lit avec son bracelet afin d’attirer l’attention de la dame en blouse verte mais elle constata avec effroi qu’elle ne le portait pas à son poignet. L’avait-elle perdu ou le lui avait-on retiré ? Elle espéra que la deuxième solution était la bonne. A défaut de mieux, elle dut utiliser ses ongles qu’elle fit crisser sur le rebord du lit. La femme se retourna immédiatement.

                -Vous êtes debout, mademoiselle ? Comment ça va ? lui dit-elle dans un anglais approximatif.

                Agathe reconnut la voix qui avait tenté de la rassurer la veille aussi se sentit-elle en confiance. Du doigt, Elle pointa sa gorge pour faire comprendre à l’infirmière qu’elle avait soif. Cette dernière comprit tout de suite.

                -Vous voulez peut-être boire ? Je vais vous redresser.

                Pour cela, Agathe n’avait guère besoin d’assistance et se releva sur les coudes tandis que la femme déplaçait ses coussins afin qu’elle puisse s’y adosser. L’infirmière lui tendit ensuite un grand verre d’eau. Agathe s’en saisit et le vida rapidement. Ayant retrouvé l’usage de sa voix, elle articula finalement :

                -Comment suis-je arrivée ici ?

                -Les secours de Corée du Nord vous ont à temps retrouvée, expliqua la Russe. Ils vous ont les premiers soins prodigués et en Russie vous ont emmenées. Vous êtes ici depuis hier, la fin d’après-midi.

                -Les secours nord coréens ? répéta Agathe sans comprendre.

                -Suis-je bête ! Vous savez pas ce qu’il s’est passé y a quelques jours.

                Comme la blessée ne répondait pas, attendant la suite, l’infirmière expliqua :

                -Il y a quelques jours, le président de la France a dit que des gens avaient été envoyés en Corée du Nord pour Hatori Honda tuer. Il l’a fait pour la guerre empêcher.

                -De quelle guerre parlez-vous ?

                -Vous savez pas ? Non, bien sûr, se reprit-elle, vous aviez pas la télé. Des missiles ont été envoyés sur Tokyo depuis la Corée du Nord mais le dirigeant coréen disait que c’était pas lui. Au début, les autres pays voulaient le Japon laisser se débrouiller mais finalement, la France a parlé d’Hatori Honda.  Alors le Japon a retiré la menace de guerre qu'il avait lancé et les Coréens se sont mis à le chercher. Lorsqu’ils ont trouvé l’endroit où il était, vous étiez déjà là et il était plus vivant du tout.

                Agathe eut quelques difficultés à comprendre cette explication simpliste car l’infirmière parlait très mal l’anglais et utilisait des tournures de phrases pour le moins originales.

                -Donc les autorités sont venues nous chercher, murmura Agathe, pensive. Que va-t-il se passer maintenant ?

                -Nous allons vous soigner et chez vous vous renvoyer. Mais il y a un problème.

                -Lequel ? interrogea Agathe qui ne savait pas à quoi s’attendre et se préparait au pire.

                -Il y avait deux femmes dans votre expédition. On ne sait pas si vous êtes française ou allemande. Les médias veulent ce que vous êtes savoir.

                -Je suis française.

                -D’accord. Je vais au médecin le dire et il le dira aux journalistes qui attendent devant l’hôpital. Si vous avez besoin d’aide, faîtes Olga demander. C’est moi.

                -Merci Olga, répondit Agathe tandis que la Russe se dirigeais vers la porte de la chambre.

                Elle laissa Agathe seule mais revint un petit instant plus tard, deux hommes sur ses talons. La jeune femme détailla ses visiteurs. L’un grand, élancé et chauve, l’autre petit, rond et brun, ils portaient des imperméables noirs qui leur donnaient l’air d’inspecteurs. Agathe ne se trompait pas.

                -Ces gens travaillent pour l’OTAN, expliqua l’infirmière. Ils veulent des questions vous poser. Je vous laisse avec eux et je reviens.

                Sur ces bonnes paroles, elle quitta la chambre pour de bon.

                -Bien le bonjour, la salua le grand chauve dans un anglais impeccable. Je suis John Keegan et voici mon collègue, Harry Walker. Nous avons quelques questions à vous poser.

                -Je vous en prie, asseyez-vous, les invita poliment Agathe sur un ton vaguement inquiet en désignant les deux chaises qui se trouvaient dans la pièce.

                Ils prirent place près d’elle.

                -Nous désirons vous parler de ce qu’il s’est passé en Corée du Nord. Nous avons pris connaissance des faits dont vous avez enregistrez le récit sur votre magnétophone, car nous l’avons récupéré, mais nous ignorons encore ce qu’il s’est exactement passé dans la propriété d’Hatori Honda. Nous espérions que vous pourriez nous en dire plus.

                Agathe réfléchit un instant. Que convenait-il de dire à ces enquêteurs ? La vérité sans aucun doute. Mais laquelle ? Devait-elle leur raconter dans les moindres détails l’intervention du 13 avril ou devait-elle en dire le moins possible, s’efforcer de ne résumer que le plus important ? Ces deux hommes ne lui inspiraient pas confiance mais après tout, elle n'avait pas l'habitude de faire confiance à des inconnus .Elle opta pour la solution de facilité, la plus rapide et ne leur parla que de l’essentiel : le plan de George, la découverte du corps de Lena, les coups de feu au troisième étage, le décès de Lyov, l’accident de moto, la mort de George. Au cours de son récit, elle s’étonna de ne pas trembler, comme si la terreur qu’elle avait ressentie s’était évanouie. Elle savait que ce n’était pas le cas mais elle s’interdisait de montrer une quelconque faiblesse devant ces inconnus et c’est la raison pour laquelle elle les regarda droit dans les yeux tout au long de l’interrogatoire. Pour finir, ils lui demandèrent son identité complète, expliquant que son existence ayant été effacée quelques heures avant son départ pour la Corée, il était impératif de lui refaire des papiers d’identité. Elle leur répondit sans mentir, estimant que cela ne servait à rien. Ils lui dirent ensuite qu’elle serait rapatriée vers la France dès que les problèmes administratifs seraient réglés. Ils la quittèrent au moment où Olga revenait.

                -Tout s’est passé bien ? lui demanda celle-ci.

                -Très bien, merci, confirma Agathe, pas mécontente de ne pas avoir eu à rester seule longtemps. J’aimerais vous poser une question. Il me semble que, lorsque je me suis évanouie en Corée, j’avais un bracelet à mon poignet. Savez-vous ce qu’il est devenu ?

                -Vous parlez de ceci ? demanda l’infirmière en relevant l’une des manches de sa blouse, découvrant ainsi le bijou d’Agathe. Je l’ai enlevé à vous avant qu’on opère votre jambe et je l’ai gardé car il a l’air précieux et je ne voulais pas qu’on vous le vole.

                Elle le détacha de son bras et le referma autour de celui d’Agathe.

                -Merci, sourit cette dernière. J’y tiens énormément et je craignais de l’avoir perdu.

                -Faut pas vous inquiéter. Ce qui est avec Olga n’est jamais perdu. D’où est-ce qu’il vient ?

                -Un ami me l’a offert aux dernières fêtes de Noël, expliqua Agathe. J’espère pouvoir le revoir bientôt.

                -Je suis sûre que lui aussi veut vous revoir. Il doit à vous tenir pour un cadeau pareil vous offrir.

                Les deux femmes restèrent un long moment à discuter dans la quiétude de la chambre d’hôpital, se souciant peu des lourds flocons qui tombaient derrière la fenêtre sur les journalistes. Ceux-ci enregistraient la déclaration du médecin en chef, qui se voulait rassurant sur l’état de santé de sa patiente française.


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