• JtlP.Prologue : Siège de l’ONU, New York Le 5 avril, 14h48

                 -We lost him, annonça la voix de la radio.

                Un poing s’abattit avec fracas sur la table. Un lourd silence accompagna ce geste. Puis, l’un des cinq membres de cette réunion se décida à parler.

                -Merde, fut le seul mot que lâcha le président français mais il faisait écho aux pensées de son homologue américain dont le poing était resté vissé sur la table.

                -He’s in North Korea, reprit l’interlocuteur radiophonique.

                -Comment a-t-il pu ? s’étrangla le président américain dont les paroles étaient automatiquement traduites dans la langue de ses collaborateurs. Il aurait dû se faire tuer à la frontière.

                -Il semble qu’il ait des alliés là-bas aussi, se découragea le premier ministre britannique.

                -On ne peut plus l’atteindre. Il est en sécurité dans ce pays et nos capitales sont à la merci des attaques qu’il peut nous lancer, fit remarquer avec amertume le Français. C’est un homme puissant. Il n’aura aucun mal à agir.

                -Sauf si on le tue avant.

                Tous les regards se tournèrent vers le dirigeant russe qui faisait nonchalamment tourner un stylo entre ses doigts. Face à la perplexité des quatre autres, il s’expliqua :

                -Envoyons une équipe d’élite à ses trousses. Cinq personnes. Une par pays. S’il a réussi à passer la frontière, alors elles en seront elles aussi capables.

                -C’est du suicide, refusa le Britannique. S’ils se font prendre, nous déclencherions une guerre mondiale.

                -Sauf si nous prenons soin d’effacer toute trace de leur existence avant, répliqua la chancelière allemande qui était d’accord avec le Russe. Cinq personnes. C’est tout à fait faisable. Surtout si elles n’ont aucun lien entre elles. Les Coréens ne pourront pas savoir qui elles sont. Et quand bien même, puisque c’est une équipe d’élite, ses membres ne se feront pas prendre.

                -Et qui suggérez-vous pour une telle mission ? la questionna le président américain qui semblait se laisser convaincre.

                -Il faudrait un agent des services secrets, énuméra-t-elle. Et un militaire, un programmeur informatique serait tout aussi utile qu’un reporter et un médecin. Qu’en pensez-vous ?

                - La Russie met à la disposition de cette mission son meilleur programmeur informatique, l’appuya le dirigeant d’Europe de l’est. Il assurera la sécurité de l’équipe en désactivant tous les systèmes informatiques pouvant la détecter. Il ne rate jamais son coup.

                -L’Allemagne peut fournir le meilleur médecin du pays. Je suis convaincue que sa bravoure égale son habileté à soigner.

                -Très bien, accepta l’Américain. Les Etats-Unis seront fiers de voir l’un des capitaines des Marins de l’US Navy se joindre à cette mission de la plus haute importance et lui-même sera honoré de risquer sa vie pour son pays, que dis-je, pour la paix mondiale.

                -Les services secrets britanniques proposent la collaboration d’un de leurs meilleurs agents. Le goût du risque et aucune famille. Il n’aura pas peur de la mort, assura le premier ministre.

                Toutes les têtes se tournèrent alors vers le Français qui n’avait pour l’instant rien dit. Ce dernier, les coudes posés sur la table, les mains jointes et les index appuyés sur sa bouche, réfléchissait. Il devait désigner un reporter. En silence, il passa en revue tous ceux qu’il connaissait. Aucun ne semblait assez fou pour risquer sa vie dans une mission suicide. La plupart des personnes à qui pensait le chef de l’Etat avaient connu la guerre, enquêtant sur les plus importants conflits de ces dernières années. Se sentant protégés par leur carte de presse, ils ne craignaient pas la mort, mais quand serait-il lors d’un assaut secret contre le plus dangereux criminel du siècle ? Il menaçait tous les pays du monde car il avait affirmer dans les médias vouloir commettre les pires attentats de l’histoire de l’humanité en visant d’abord les grandes villes. Les chefs d’états s’étaient tous empressés de rassurer les populations et d’affirmer que cet homme n’était pas assez puissant pour mettre en œuvre ce qu’il annonçait mais, secrètement, les dirigeants de cinq nations s’étaient réunis car ils prenaient la menace très au sérieux. Le raid qu’ils avaient mené contre lui ce jour-là s’était révélé infructueux, le malfrat avait fuit en franchissant la frontière nord coréenne, un pays au régime dictatoriale fermé au reste de la planète. Le Français ferma les yeux un instant. Même le meilleur reporter de la planète n’avait aucune chance de revenir vivant d’une telle expédition. Le président compris que la personne qu’il désignerait serait vouée à une mort certaine. Autant se débarrasser de quelqu’un d’encombrant, décida-t-il. C’est alors qu’il se souvint d’elle. Une brillante journaliste politique. Trop en réalité. Il repensa aux découvertes qu’avait faites la jeune femme. Si cela venait à s’ébruiter, il risquait de gros ennuis. Mieux valait donc la mettre hors d’état de nuire définitivement. Les meurtres n’étant plus vraiment à la mode dans le monde politique français, cette mission était un excellent moyen de parvenir au même résultat sans risquer la prison au sortir de son mandat présidentiel. La jeune femme n’était certes pas reporter comme l’avait demandé la chancelière allemande, mais elle ferait l’affaire.

                -Elle est jeune, mais son efficacité lui permettra d’être à la hauteur de la mission qui l’attend, affirma-t-il finalement.

                -Très bien, conclut l’Américain. Mettons tout en œuvre pour que cette équipe soit réunie au plus vite.


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