• Les mots d'Anglais #1

         J'ai retrouvé les listes de vocabulaire qu'une de mes profs d'anglais donnait à apprendre chaque semaine. Comme il y a vraiment des expressions bizarres, je me suis dit que ce pourrait être amusant de tenter d'écrire des minis récits au fil de la plume pour essayer de replacer ces expressions dans l'ordre de la fiche. C'est pourquoi il y a un petit "#1" dans le titre de l'article, c'est au cas où il me prendrait l'envie d'en écrire d'autres.

         Voici donc le récit écrit en utilisant la première fiche. Les mots imposés sont ceux écrits en italique et en gras.

     

    Auto-critique : le début est, je trouve, plus amusant que la fin.

    Mais surtout, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

                L’autre jour, dans une petite boutique, je suis tombée sur un vendeur que j’avais rencontré par hasard au détour d’un rayon : celui des livres de géographie. Je n’avais pas vu qu’il était agenouillé près d’une étagère et pliait une carte mise à jour d’un pays quelconque. Alors j’ai trébuché et je lui suis tombée dessus. Je m’étale de tout mon long et lui avec.

                -Je suis vraiment désolée, m’excusé-je en me relevant péniblement, je ne vous ai pas fait mal j’espère ?

                -Tout va bien, je suis tombé de moins haut, plaisante-t-il. Vous n’avez rien de cassé ?

                Il me tend la main et m’aide à reprendre l’équilibre. Je me suis fait mal à la cheville et mes mains sont toutes râpées. Je détaille son visage. Les yeux bleus, des cheveux bruns. Je lui trouve un air charmant. Il me regarde avec insistance. J’ai peut-être quelque chose de tordu. Je touche mon nez et ma bouche. Ils sont pourtant à la bonne place.

                -Rien de cassé ? répète-t-il avec un air inquiet.

                -Non, ça va très bien, je vous remercie, bafouillé-je.

                Il semble rassuré, s’apprête à retourner à ses occupations. Pas déjà ! Les beaux garçons se sont faits rares cette semaine. Vite, quelque chose de profond et d’intelligent à dire. Avisant la carte qu’il tient toujours, je m’exclame avec un air du plus vif intérêt :

                -Mais, serait-ce un axe routier ?

                -Euh, oui, répond-il.

                Cette fois, il me regarde vraiment bizarrement. Comment ai-je pu dire un truc pareil aussi ? Seconde tentative :

                -Quand je vous ai vu tout à l’heure, j’étais intriguée par le contenu de cette carte.

                -Parce que vous m’avez vu ? C’est marrant, j’ai eu l’impression que ce n’était pas le cas.

                Mais il se moque de moi ! Il va voir si je suis aussi cruche que j’en ai l’air !

                -C’est le continent australien, affirmé-je en montrant la carte.

                -En effet, confirme-t-il en me lançant un regard en coin.

                Il attend la suite. Je n’en ai aucune à lui proposer. J’essaie tout de même :

                -Et ça, qu’est-ce que c’est ?

                J’ai désigné un trait rouge sur la carte.

                -C’est une route centrale le coupant en deux, m’explique-t-il.

                -Coupant le quoi ?

                -Le continent, articule-t-il comme pour parler à un enfant de cinq ans.

                C’est certain, il me prend vraiment pour une andouille. Mais au moins, il est patient. Pour un peu j’aurais envie de l’embrasser. Il me désigne un trait en pointillés noirs.

                -Ça, c’est une frontière fictive entre deux régions. Et les points noirs désignent les villes.

                Je crois qu’il en fait un peu trop. Ça en devient gênant. Je vais tenter de relever le niveau de la conversation.

                -Tiens, il y a écrit Sidney ! remarqué-je en montrant la carte.

                -Oui, Sidney est en Australie.

                Oh, là, là, c’était vraiment pas ce que j’aurais dû dire. Essayons autre chose.

                -C’est une drôle de coïncidence, il se trouve que j’ai justement passé la soirée à m’attarder sur les photos de mon dernier voyage à Sidney. J’avais fixé, attaché mes yeux sur celle que j’ai prise de l’opéra.

                -Vous êtes déjà allée en Australie donc ? me demande-t-il.

                Point positif : c’est lui qui pose les questions maintenant, je l’intéresse peut-être un peu. Point négatif : il n’a pas l’air de me croire. Je mens si mal que ça ?

                -Absolument, et je suis même allée à Canberra, ajouté-je en lisant un autre nom sur la carte, dans le cadre de mon travail de journaliste.

                -Ah vous êtes journaliste ?

                -Parfaitement, je réponds avec fierté car ça, ce n’est pas un mensonge. Et je peux même vous dire que, d’un point de vue géographique, Canberra est un endroit reculé.

                -Vous plaisantez ! C’est une grande ville ! C’est même la capitale !

                -Oui bien sûr ! Je le savais !

                La capitale, vraiment ? Il faudra que je vérifie. Avisant un autre axe routier sur la carte :

                -J’ai souvent rêvé de voyagé le long de la route qui encerclait le continent, et qui l’encercle toujours d’ailleurs. Je voudrais aller plein est, on dit que cet endroit est reconnu pour ses paysages sublimes.

                -Sans doute, mais l’Australie ce n’est pas pour moi, répond-il. Je n’ai pas envie de souffrir de la chaleur.

                Ça y est, c’est une vraie conversation qui commence ! J’ai réussi !

                -Oui c’est vrai, la chaleur est l’un des inconvénients de l’Australie.

                -Et c’est sans compter sa politique de bouseux, non vraiment, elle doit être parrainée avec la France, ce n’est pas possible autrement.

                Cette fois, c’est à mon tour de le regarder bizarrement. Et pourtant il n’a rien de tordu.

                -Je plaisante, me rassure-t-il. C’était une blague !

                -Ah oui, c’est marrant, ça ne m’a pas sauté aux yeux.

                Je ne sais pas dans quel univers il vit celui-là mais il est plus timbré que moi. Il doit se balader entre son monde et le nôtre sans jamais rencontrer le moindre signe de vie, c’est pas possible autrement. Et en plus il continue :

                -Mais ça doit être beau, tout de même l’Australie ! Imaginez une vaste étendue déserte sous des cieux bleu cobalt, loin des soucis et des contraintes de la vie ! Ce serait le paradis !

                Oui vaste, très vaste c’est le moins qu’on puisse dire. Et déserte ! Et puis loin, mais alors loin, du monde réel. C’est un peu l’image que je me fais de son cerveau en ce moment. Il est tout de suite moins charmant.

                -Les merveilles de la nature partout autour de nous dans la cambrousse australienne ! Une région sauvage et dangereuse à explorer !

                Alors là, on peut dire qu’on me bourrait le mou avec des paroles dignes d'un discours hypocrite de rédacteur de guide touristique. Il commence vraiment à faire peur là ! Y a deux minutes il était normal et il disait qu’il détestait l’Australie ! Ça m’allait bien, il aurait pu rester comme ça. Je cherche de l’aide autour de moi. A l’autre bout du rayon, il y a un homme si gros que sa graisse coulait et débordait de son t-shirt. Il fera l’affaire. Je me tourne vers lui et m’exclame :

                -Tonton ! Ça faisait longtemps !

                Plantant le vendeur au milieu de ses rêveries australiennes, je m’avance vers l’autre homme comme pour le prendre dans mes bras.

                -Je suis contente de te voir ! Mais je n’ai pas le temps de parler alors il faudra qu’on s’appelle un de ces jours !

                Je lui donne une tape sur l’épaule et le contourne pour me diriger vers la sortie. Il me regarde d’un air ahuri. Avant de pousser la porte, je me retourne vers lui et lui lance :

                -Tu devrais quand même penser à faire de la randonnée !

                Voilà ! Je suis dehors. C’est promis, plus jamais je n’aborderai à l’improviste un garçon inconnu. A part s’il a l’air moins bizarre que celui-là et tout aussi charmant au premier coup d’œil, je pourrais me permettre de faire une entorse à cette promesse. Et accessoirement, plus jamais je ne mentirais, ça attire trop d’ennuis. Je suis vraiment journaliste mais je n’ai jamais quitté la France, sauf pour un voyage d’une semaine en Suisse. Vous parlez d’un dépaysement total. Je vis sur Paris et je cumule les petits emplois, et en ce moment c’est encore un boulot sans intérêt. Je m’occupe de la rubrique mode pour un magazine sur la chasse. Tellement tendance le nouveau pull à col roulé vert forêt ! Et en plus il est assorti à la couleur de cette veste en cuir dure comme de l’écorce ! Affreux je vous dis. Parfois, je me dis que je devrais m’acheter des pneus Goodyear et partir voir si c’est pas mieux ailleurs. Mais je n’ai pas de voiture. Les pneus seraient donc peut-être de trop.

                Je jette un coup d’œil sur les vitrines des boutiques devant lesquelles je passe. Un magasin de chaussures : soldes jusqu’à -30% ! Une boulangerie : quatre croissants pour 2 € seulement ! Je crois que la mode est aux promotions, tiens ! même dans ce magasin d’articles funéraires : Achetez du liquide d’embaumement ! Le deuxième litre à moitié prix ! Je commence vraiment à penser que ça ne peut qu’être mieux ailleurs. Mais je me connais, dans cinq minutes toute ma bonne volonté m’aura abandonnée et je choisirai l’option morose, c’est-à-dire rester ici, alors que je n’ai pourtant pas d’attachement, pas d’engagement. Je me fais l’effet d’un gars qui vit sans contraintes, sauf que je suis une fille, et qui pourtant s’entête à rester dans le train train du petit journaliste.


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  • Commentaires

    1
    Dimanche 10 Janvier 2016 à 22:04

    Salut ! Je trouve ton écrit vraiment amusant et j'aime bien ton style d'écriture. On accroche dès le début de la lecture ! Tout le long, je me suis demandée où cette conversation pourrait bien mener et quelle fin ! L'idée du tonton est bien pensée :)

      • Lundi 11 Janvier 2016 à 17:10

        Alors d'abord : deux fois merci !! Une première fois pour ce joli compliment et une seconde fois parce que TON COMMENTAIRE EST LE PREMIER POSTE SUR MON BLOG !!!! Je suis trop contente ! ^^

        Je suis contente que ce petit récit t'ait plu mais je reconnais que je suis étonnée parce que, personnellement je ne suis pas du tout satisfaite par les deux gros paragraphes de la fin, je trouve qu'il n'ont aucun rapport avec ce qui précède. Mais bon, d'un autre côté j'ai fais ce que j'ai pu pour placer mes mots imposés et c'était un peu compliqué.

        En tout cas, merci encore ! (du coup, ça fait trois merci ! ;-) )

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    2
    Lundi 22 Février 2016 à 00:18

    J'ai adoré !! ça m'a bien fait rire ! Tu écris très bien surtout avec la contrainte des mots imposés ( on devrait se poser des questions sur ton prof sachant qu'il vous fait apprendre "liquide d'embaumement" ou ... ? )

    Bref, bravo à toi :p

    3
    Mardi 23 Février 2016 à 20:15

    Merci, merci !!! Je suis bien contente que ça t'ait plu ! ^^

    Ma prof était absolument normale mais c'est vrai qu'on a eu droit a pas mal d'expressions bizarres : "des corps de kangourous", "ceux qui allaient au théâtre à l'époque élisabéthaine", "il compartimente sa vie" et autres "ardent en amour en dans la luxure" !

    Je pense que je vais écrire un autre texte "les mots d'anglais", ça pourrait être amusant !

    Et merci beaucoup pour ces compliments ! :-)

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