•             L’éternelle console de jeu, volume sonore à fond. Il ne s’en sépare jamais. Sauf quand il mange ses biscuits Thé. Il a une tête ronde et des lunettes à monture rectangulaire. Un jour, il s’est planté en plein milieu du wagon et a articulé d’une voix gutturale : « Maintenant, c’est moi le maître du jeu ». Un petit peu angoissant.


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  •             Ils sont deux. Un brun, un blond. Un sans lunettes, l’autre avec. Un grand, un petit. Anorak vert fluo pour l’un, bleu pour l’autre. Des collégiens. Le tramway n’est pas encore parvenu à l’arrêt, qu’ils courent déjà dans sa direction pour être certains de ne pas le rater. Essoufflés, ils finissent tout de même par monter dans la rame en rigolant. Deux petites filles les rattrapent. Les petites sœurs sans doute.


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  • Vêtu de vêtements de sport si colorés qu’ils en sont presque fluorescents, il se balade avec une pochette sous le bras. Marquée au nom d’une auto-école nationalement connue, elle ne laisse place qu’à deux interprétations : soit il travaille dans cette auto-école, soit il y est élève. Le fait qu’il soit un moniteur semble plus plausible : on ne se rend à l’auto-école si tôt que si l’on est chargé d’ouvrir la boutique. Encore faut-il ne pas oublier les clés. C’est arrivé une fois à l’homme en rouge. Enfermé dehors sous la pluie, il s’est vu contraint d’offrir un café aux élèves venus pour s’exercer à l’examen du code de la route. Un monsieur sympa que cet homme en rouge. Quoiqu’il soit parfois d’une humeur de chien, ce qui n’arrive pas souvent, il est le plus souvent souriant et blagueur, chantant les tubes qui passent à la radio pendant que son élève conduit. Il lui arrive de prononcer des phrases énigmatiques telles que : « Quand on a des amis comme ça, on n’a pas besoin d’ennemis ». Il aime aussi beaucoup parler de lui : « Quand ma prof d’allemand au lycée m’a demandé pourquoi j’avais choisi cette langue, je lui ai répondu parce que le Bayern de Munich ! » ou encore : « Il est vraiment sympa, D. Je vais te lire le SMS qu’il m’a envoyé pour me remonter le moral ». Mais revenons-en à notre moniteur dans le tramway ; un homme étrange est en train de l’aborder. Il secoue la tête, feignant d’être intéressé par ce que lui raconte son interlocuteur, et la petite couette qu’il a derrière la tête –alors que le reste de ses cheveux est court- s’agite en tous sens. Le petit homme quitte finalement la rame et le moniteur ne cache pas son soulagement de le voir partir. Une place se libère. Il va s’asseoir.


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  •             Deux jeunes hommes. Un grand, un petit. Un blond, un brun. Tous deux barbe de trois jours. Ils discutent et ce ne sont pas des bribes, mais bien la conversation entière qui parvient à ceux qui les entourent. Ils parlent d’un jeune humoriste, un ventriloque. Ils viennent de le découvrir et à en juger par leurs critiques positives, l’apprécient. « Il peut faire dire n’importe quoi à sa marionnette, et ça passe bien justement parce que c’est une marionnette » affirme l’un. « Ouais, un mec normal pourrait pas se permettre ce genre de commentaire » renchérit l’autre. « Il a du talent, pour l’instant il est pas très connu mais il peut vraiment faire de grandes choses » termine le petit. Et tous deux de s’écrier : « il est content ! »


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  •             Il n’est pas rare d’entendre parler une langue inconnue dans les transports en commun. Ici de l’anglais. Là de l’arabe. Et là-bas du chinois. Mais il existe des dialectes insoupçonnés que l’on découvre parfois en tendant l’oreille. Cette jeune femme par exemple. Blonde, piercing dans le nez, tatouage sur le haut du bras gauche, habillée selon la mode. Elle est accompagnée par  ce qui semble être son compagnon et leur toute petite fille, couchée dans un landau. La jeune mère est penchée vers elle, gesticule d’une manière étrange et agite un petit objet aux allures de champignon au dessus de l’enfant. Elle murmure d’une voix aiguë des choses surprenantes : « Alors, tu veux pas ta tutute ? Rhô, t’es une coquine ! Coquine, coquine, coquine ! Si tu la prends pas, Maman elle te donne pas ton doudou miaou ! Allez, prends ta tutute ! Coquine ! » A croire que les enfants ne comprennent pas les mots « sucette » et « peluche de chat ».


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